Efficacité énergétique : tout ce qu’il faut savoir
4 mai
2023
Levier essentiel des politiques de transition énergétique, l’efficacité énergétique est également un élément clé de la performance industrielle et économique future. Présente dans la littérature économique depuis le milieu du 19ème siècle, cette notion d’efficience énergétique renvoie particulièrement au concept de transition énergétique depuis le début des années 1980.
Mais qu’est-ce que l’efficacité énergétique ? Quels en sont les objectifs ? Les avantages ? Les champs d’application ? Suivez le guide !
Définition et objectifs de l’efficacité énergétique
Définition au sens large / général
En physique, l’efficacité énergétique (ou efficience énergétique) se définit comme le rapport entre la quantité d’énergie utile que délivre un système et la quantité d’énergie consommée, nécessaire à son fonctionnement. Cette notion renvoie au concept de service énergétique qui est une fonction fournie par un équipement (une ampoule, un véhicule, etc.) grâce à un apport énergétique comme l’électricité ou un combustible.
Plus largement, cette notion regroupe tous les moyens techniques et logistiques mis en œuvre pour optimiser la performance énergétique d’un système, par exemple d’un bâtiment ou d’un local, alors que le service rendu est le même ou meilleur.
En pratique...
Prenons l’exemple d’un système d’éclairage d’une pièce. Le système en question présente une efficience énergétique supérieure si, comparé à un autre système, il produit la même intensité d’éclairage en utilisant moins d’énergie. Par exemple, la composition des ampoules LED permet d’obtenir cette efficience énergétique (réduction de la consommation d’électricité), par rapport aux ampoules classiques, et cela pour une capacité d’éclairage identique.
D’autre part, on peut aussi, par exemple améliorer l’efficacité énergétique d’un habitat en remplaçant un chauffage ancien par un modèle récent qui présente un bon rendement en termes de puissance. Le recours aux énergies renouvelables via des chauffages à bois, des chauffages solaires utilisant des plaques photovoltaïques, etc., peut permettre également de gagner en efficience énergétique tout en se tournant vers la décarbonation.
En tout cas, les axes de progression possibles en matière d’efficacité énergétique concernent principalement les secteurs de l’industrie, du transport et du bâtiment (habitat individuel ou collectif, équipements, urbanisation, etc.).
Objectifs de l’efficacité énergétique
L’objectif global des actions mises en place dans le cadre de l’efficacité énergétique est de réduire notre dépendance énergétique, notamment aux sources d’énergie fossiles qui contribuent largement au changement climatique. Cette efficience énergétique offre, en effet, des possibilités colossales dans cette perspective.
Bien entendu, à l’échelle d’une entreprise, l’atteinte des objectifs d’efficacité énergétique repose sur des actions bien spécifiques, idéalement mises en place à travers un système en bonne et due forme de management de l’énergie.
Avantages de l’efficacité énergétique
L’efficience énergétique présente des avantages collectifs qui concernent tous les secteurs d’activité et des avantages spécifiques à chaque secteur d’activité.
Les avantages collectifs de l’efficacité énergétique
D’une manière générale, les avantages de l’efficience énergétique sont d’ordres économiques et environnementaux. En effet, une politique d’économie d’énergie efficace peut amoindrir de façon significative, l’impact de la consommation énergétique globale, sur l’environnement. Et selon les estimations des experts de la Commission Européenne, rien qu’en Europe, une économie annuelle de 150 milliards d’euros serait possible avec une consommation énergétique plus optimisée.
En d’autres termes, l’efficience énergétique présente certains avantages constants et universels :
- La réduction des émissions de CO2,
- Les économies de coûts énergétiques,
- La réduction des frais de maintenance et d’entretien des systèmes efficients,
- La stabilité des systèmes énergétiques en l’absence d’interruption dans la production.
Des avantages spécifiques dans tous les secteurs
Au-delà des avantages globaux qui concernent tous les secteurs d’activité, publics ou privés, l’efficacité énergétique présente des atouts spécifiques dans les différents secteurs concernés :
Dans le bâtiment, elle rend les constructions moins énergivores et plus respectueuses de l’environnement.
Dans le transport, diverses mesures d’efficacité énergétique réduisent la consommation de carburant. Il est notamment préconisé de privilégier les véhicules hybrides ou les véhicules électriques. Selon l’ADEME, une économie de consommation de carburant allant jusqu’à 30% serait possible avec un véhicule hybride pour un trajet de courte distance, ainsi qu’une réduction des émissions de gaz à effet de serre, à hauteur de près de 90%, avec un véhicule électrique.
Par ailleurs, il existe d’autres mesures d’efficacité énergétique pour des économies significatives de carburant : brider la vitesse maximale des véhicules pour faire jusqu’à 5% d’économie de carburant, prioriser les lubrifiants moteurs économiseurs d’énergie, équiper les véhicules d’un système de Stop&Start (arrêt du moteur quand le véhicule est stoppé), privilégier les systèmes de climatisation évaporative aux modèles à compression mécanique qui consomment plus de carburant, etc.
En tout cas, en France, notamment, le Certificat Qualité de l’Air a été mis en place dans la perspective d’une consommation énergétique plus écologique avec une priorité en faveur des véhicules les moins polluants.
Dans l’industrie, la mise en place d’une stratégie d’efficacité énergétique réduit la facture d’énergie professionnelle et améliore l’image de marque des entreprises qui s’engagent dans cette démarche. Avec l’amélioration du processus industriel, l’efficience énergétique est un levier à part entière de compétitivité. Bien entendu, de meilleures performances énergétiques sont synonymes d’amélioration de l’empreinte carbone. Quoi de mieux pour améliorer l’image de marque de son industrie à l’heure où investisseurs et consommateurs sont plus sensibles que jamais aux problématiques environnementales ? Par ailleurs, une adaptation facilitée aux évolutions réglementaires fait aussi partie des avantages d’une bonne efficacité industrielle. La réglementation évolue régulièrement en réponse à la situation climatique planétaire, d’où l’intérêt de s’engager dès maintenant pour mieux s’y préparer.
De manière générale, la réalisation d’économies d’énergie présente des avantages concurrentiels majeurs, tous secteurs confondus. Ainsi, de plus en plus d’entreprises investissent dans des équipements énergétiquement économes pour tirer profit d’une efficacité énergétique réelle en plusieurs points :
- Gains de productivité,
- Baisse de frais,
- Amélioration de la compétitivité,
- Amélioration de la durée de vie des équipements,
Des aides financières existent pour les petites, moyennes et grandes entreprises afin de leur faciliter la mise en place d’actions d’économies d’énergie (étude d’opportunité, étude de faisabilité…) Le dispositif des Certificats d’Économies d’Énergie, ou CEE, permet par exemple aux entreprises de bénéficier de subventions intéressantes.
Efficacité énergétique : un lien direct avec la sobriété énergétique
À l’été 2022, le président de la République a annoncé le plan de sobriété dont le principal objectif est de réduire de 10% la consommation énergétique de la France sur une période de 2 ans. Impliquant à la fois les particuliers, les entreprises et l’administration, ce plan de sobriété porte sur le carburant, l’électricité et le gaz naturel. Il a été mis en place pour faire face aux risques de pénurie causée notamment par la guerre en Ukraine.
Contrairement à l’efficience énergétique, la notion de sobriété de l’énergie est moins connue du grand public. Il s’agit d’un concept politique mis en place pour évoquer la réduction de la consommation d’énergie à travers des changements à opérer au quotidien. Il ne s’agit pas d’entreprendre des travaux pour améliorer la performance énergétique des bâtiments, mais plutôt d’adopter de meilleures habitudes énergétiques.
Ce plan national de sobriété énergétique recommande par exemple d’éteindre la lumière quand on quitte une pièce, de bien aérer les pièces en été au lieu d’utiliser systématiquement un système de climatisation et de faire rentrer la chaleur du soleil en hiver pour réduire les besoins en termes de chauffage. En tout cas, selon l’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie – ADEME, baisser le chauffage de 1° permet de réduire la consommation énergétique de 7% en moyenne. Cette baisse impacte évidemment la facture énergétique.
Tout le monde est concerné
Dans cette nouvelle directive, le président de la République appelle les particuliers, les entreprises des secteurs public et privé et tous les pans de la société, à faire les efforts énergétiques nécessaires, et ce, de manière ciblée.
Les mêmes gestes d’économies d’énergie sont notamment encouragés en entreprise. Les commerces peuvent par exemple éteindre les enseignes lumineuses et les éclairages en vitrines pendant le weekend. Bien entendu, de telles habitudes écologiques impactent forcément le bilan carbone de l’enseigne concernée.
Dans tous les cas, ce plan énergétique national prévoit que les énergies soient consommées uniquement quand c’est indispensable, que ce soit pour l’air conditionné, le chauffage, l’éclairage, etc.
Deux notions différentes, mais complémentaires
Même si l’efficacité énergétique et la sobriété énergétique sont deux notions différentes, leur finalité est la même. Il s’agit de réduire la consommation d’énergie.
Et au-delà de cette similarité de finalité, les actions respectives de la sobriété énergétique et de l’efficience énergétique se complètent. Pour l’isolation, la sobriété énergétique encourage par exemple d’adopter de petits gestes d’économie d’énergie dans la vie de tous les jours.
Les consommateurs sont notamment encouragés à fermer les portes pour que la chaleur des pièces chauffées ne s’échappe pas. Et la réalisation de ces gestes n’empêche pas de réaliser de plus gros travaux pour améliorer la performance d’isolation thermique de l’habitation concernée. Les travaux en question relèvent alors de l’efficacité énergétique.
Les actions d’efficacité énergétique mises en place par la France
Ces dernières années, divers dispositifs sont mis en place en France pour améliorer l’efficacité énergétique des différents secteurs d’activité en sachant que les économies d’énergie font partie des axes prioritaires de la transition énergétique.
La France a d’ailleurs été le premier pays à remettre son Plan National d’Action en matière d’Efficacité Énergétique (PNAEE) à la Commission Européenne. L’objectif de ce plan national d’action est d’améliorer de 20% l’efficacité énergétique de l’Union Européenne à travers deux axes fondamentaux :
- La réduction de la consommation d’énergie finale, c’est-à-dire l’énergie livrée au consommateur, par exemple l’électricité dans une habitation ou l’essence à la pompe.
- La réduction de la consommation d’énergie primaire, c’est-à-dire l’énergie finale additionnée aux pertes énergétiques dues au transport ou à la transformation des énergies en question.
Dans tous les cas, diverses mesures spécifiques sont déjà en place, pour les secteurs majeurs concernés.
Pour le secteur des transports
Pour ce secteur, les actions menées dans le cadre de l’efficience énergétique soutiennent essentiellement le report modal et l’amélioration de l’efficacité énergétique des modes de transport. On peut citer notamment le système de bonus-malus écologique. Ce système a permis à la France de posséder en 2013, l’un des marchés de véhicules neufs les moins émetteurs de CO2 en Europe.
Pour le secteur de l’agriculture
Parmi les mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique dans le secteur de l’agriculture, on peut citer principalement le Plan de Performance Énergétique des Exploitations Agricoles. Cela consiste à la réalisation d’économies énergétiques et à la reconversion aux énergies renouvelables. Le Plan de Modernisation des bâtiments d’élevage est également une action non-négligeable à mentionner.
Dans tous les cas, les mesures mises en application en France tendent à l’atteinte de plusieurs objectifs écologiques particuliers :
- Réduction des émissions de GES,
- Réduction des polluants atmosphériques,
- Réduction de la dépendance énergétique,
- Allègement des factures énergétiques,
- Allègement de la pression sur les ressources non renouvelables sans pénaliser le développement économique.
L’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment
Les enjeux de l’efficience énergétique dans le secteur du bâtiment sont colossaux parce que, selon le Ministère de la Transition Écologique, ce secteur représente 44 % de la consommation d’énergie en France. Plus de 123 millions de tonnes de CO2 sont émises annuellement par le secteur du bâtiment. En d’autres termes, ce domaine pèse lourd dans la lutte contre le réchauffement climatique et dans la transition énergétique. D’ailleurs, la politique de l’énergie dans le bâtiment prévoit, en France, de rénover massivement l’existant et de mettre en place des normes de consommation énergétique strictes pour les bâtiments neufs.
L’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment porte évidemment sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Depuis le 1er janvier 2022, la RE2020 ou Réglementation environnementale 2020 est en vigueur et consiste à réduire les émissions de GES des bâtiments neufs. L’impact écologique des constructions moins énergivores est évidemment moindre. Cette RE2020 présente, en tout cas, 3 objectifs : l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments, la diminution de leur impact carbone et la possibilité de les rendre plus confortables durant les fortes chaleurs estivales.
D’autres dispositifs sont en place dans le cadre de cette réduction des émissions de GES dans le secteur du bâtiment :
- Le décret tertiaire, en vigueur depuis octobre 2019
- Le décret BACS – Building Automation and Control System
En tout cas, plusieurs paramètres sont pris en compte pour rendre un bâtiment efficace d’un point de vue énergétique :
- L’isolation thermique qui définit largement la performance énergétique d’une bâtisse. Pour éviter la déperdition thermique, l’isolation requiert l’utilisation d’équipements spécifiques comme le triple vitrage pour portes et fenêtres ou le système d’isolation thermique par l’extérieur.
- La ventilation dont le bon fonctionnement évite les pertes énergétiques à travers notamment un système de ventilation mécanique contrôlé.
- L’orientation du bâtiment de manière à ce que le logement profite pleinement de la lumière et de la chaleur du soleil. Une maison enclavée est évidemment plus énergivore.
- Les équipements électriques qu’il faut choisir en fonction de leur impact sur la consommation énergétique global du bâtiment. Les équipements économes sont plus favorables à l’efficience énergétique.
D’autres paramètres favorisent également une meilleure efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment. On peut citer l’isolation de la toiture, l’étanchéité du bâtiment ou encore les performances du système de chauffage.
Et toujours dans cette perspective, les dispositifs plus anciens sont toujours en application :
- Plan de Rénovation Énergétique de l’Habitat ou PREH,
- Points Rénovation Information Services ou PRIS,
- Crédit d’Impôt Développement Durable ou CIDD,
- Eco-Prêt à Taux Zéro ou Eco-PTZ,
- Eco-Prêt Logement Social ou Eco-PLS,
- Les actions de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH), notamment à travers le programme « habiter mieux »,
L’efficacité énergétique pour le secteur de l’industrie
Pour l’industrie, les actions menées dans le cadre de la politique en termes d’efficacité énergétique reposent principalement sur la directive européenne 2003/87/CE qui établit un système d’échange de quotas d’émissions au sein de l’Union Européenne.
Des mesures incitatives financières ont également été prises dans l’industrie de même que des mesures réglementaires incluant un audit énergétique obligatoire. Un soutien aux processus de normalisation et au développement des technologies fait également partie des actions menées en faveur de l’industrie dans cette perspective d’efficience énergétique.
D’autre part, la décarbonation industrielle est une démarche majeure qui accompagne les entreprises industrielles dans l’investissement d’équipements moins émetteurs de CO2, et souvent plus performants énergétiquement. Cette démarche est encouragée par plusieurs politiques publiques :
- Le programme « PACTE Industrie » (Parcours d’Accompagnement et Compétences pour la Transition Énergétique) accompagne les entreprises à travers une offre de formation à la transition énergétique et à la décarbonation du secteur. Le financement de l’offre de formations et d’accompagnements en question est assuré grâce au mécanisme des CEE dédiés à l’industrie. Ces formations existaient déjà, mais le programme PACTE simplifie le parcours des industriels avec un outil unique. À travers ce dispositif, l’État veut accélérer et massifier la formation des entreprises industrielles. Cette démarche encourage le passage à l’action et aux investissements favorables à la transition énergétique du secteur.
- L’appel à projets pour la chaleur biomasse et l’appel à projets pour la chaleur CSR – Combustibles solides de récupération (appels à projets ouverts et clôturés en 2022) soutenaient la décarbonation de la chaleur industrielle. Un nouvel appel à projets aura lieu en 2023 afin de favoriser la mise en place d’installations biomasse performantes pour les industries du bois.
Conclusion : Efficacité énergétique en entreprise : comment passer à l’action ?
Qu’importe les dispositifs mis en place par le gouvernement, l’amélioration de l’efficience énergétique part forcément des acteurs directement concernés par la consommation d’énergie. Chaque entreprise devra alors passer à l’action et s’investir sérieusement pour réaliser des économies énergétiques considérables.
Plusieurs étapes clé sont alors à suivre à commencer obligatoirement par la réalisation d’un audit énergétique en bonne et due forme. Ce diagnostic des performances énergétiques de l’entreprise permettra d’établir un plan d’actions précis pour la suite. L’ADEME propose des financements dédiés à la réalisation de l’audit énergétique.
Dépendant des résultats de l’audit énergétique, les actions à mettre effectivement en place sont classées en trois catégories :
Les actions techniques qui priorisent des équipements présentant un meilleur rendement énergétique.
Les actions comportementales qui concernent directement les bonnes pratiques des opérateurs sur site.
Les actions organisationnelles qui relèvent du mode opératoire de l’entreprise (limitation des nettoyages, arrêt de la ventilation, de l’éclairage et du chauffage quand le site est à l’arrêt, amélioration du rendement énergétique des équipements, etc.)
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